Le Rapport 2013 complet : pdf
suivi_temporel_des_rhopaloceres_de_france_bilan_2005-2013_(28_mars_2014)
Présentation du Rapport STERF – Bilan 2005-2013
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Le Suivi Temporel des Rhopalocères de France (STERF) est un programme conjoint entre le Département Écologie et Gestion de la Biodiversité du MNHN et le milieu associatif, dont l’ALF est le principal promoteur. Mis en place en 2005 en Île-de-France, puis en 2006 au niveau national, il vise à suivre à long terme l’évolution des populations de papillons de jour, en relation avec les modifications environnementales et le changement climatique. Les comptages (sans nécessité de capture) se font par la méthode des transects, chaque site tiré-au-sort (pour la représentativité nationale) ou choisi (patrimoniaux, suivis aussi pour d’autres études …) étant divisé en transects écologiquement homogènes et parcourus systématiquement en 10 minutes, 4 à 6 fois par an.
En mars 2014, nous avons reçu des données pour 292 sites de suivi STERF (sur l’ensemble des 8 ans (9 ans en IdF), dont 138 (47%) sont des sites tirés-au-sort, et 154 (53%) sont des sites choisis par les observateurs.
La région Île-de-France est la mieux couverte (83 sites). Le fort échantillonnage en Île-de-France s’explique principalement par la concentration d’entomologistes dans cette région, et par l’existence locale de plusieurs programmes institutionnels, dont Entomovigilance, l’Atlas de la Biodiversité en Seine-et-Marne (2006-2010) et le STERF en Val-d’Oise (2011-2013 …), utilisant le protocole STERF pour quantifier la diversité en rhopalocères.
Au total, depuis le début de l’étude, en définissant un comptage comme une visite sur un transect (10 minutes de comptage), on dénombre : 419 comptages en 2005 (sur 13 sites), 2243 en 2006 (sur 90 sites), 2706 en 2007 (sur 95 sites), 2722 en 2008 (sur 96 sites), 3485 en 2009 (sur 118 sites), 3566 en 2010 (sur 123 sites), 3077 en 2011 (sur 96 sites), 4505 en 2012 (sur 140 sites) et 4467 en 2013 (sur 148 sites).
Sur 334.250 individus comptés (2005-2013) appartenant à 208 espèces, 96.8% (n=323.541) l’ont été au niveau de l’espèce (niveau 3), 1.9% (n=6508) au niveau 2 (regroupements modérés d’espèces voisines, tableau 2), et 1.3% (n=4201) au niveau 1 (larges regroupements d’espèces ressemblantes).
Les espèces les plus « abondantes » (nombre brut d’individus comptés) sont Maniola jurtina, Pieris rapae, Melanargia galathea, Pyronia tithonus et Polyommatus coridon. Vanessa cardui, qui régresse de la sixième à la neuvième place, retrouve une position plus attendue (son abondance extrême en 2009 due à des migrations massives l’avait positionné trop haut depuis quatre ans par rapport aux situations habituelles). Coenonympha pamphilus, Pieris rapae/napi et Polyommatus icarus … viennent ensuite.
Les espèces le plus fréquemment observées sont Maniola jurtina et Pieris rapae, suivis de Coenonympha pamphilus, Pieris sp., Polyommatus icarus et Pararge aegeria. Melanargia galathea, Polyommatus coridon et P. bellargus, sont plus bas dans le classement (par rapport à l’abondance), ce qui s’explique par le fait que ces espèces sont localisées mais présentent en revanche des populations abondantes. Maniola jurtina (1er), Pieris rapae (2e), Pyronia tithonus et Coenonympha pamphilus (3e au lieu de 5e) occupent une place comparable dans les deux classements (espèces plutôt ubiquistes largement dispersées). La richesse spécifique (nombre moyen d’espèces présentes lors d’une visite d’un transect) s’obtient en divisant la somme du nombre d’espèces observées lors d’une visite par le nombre de visites. Elle est en moyenne est de 3,62 +/- 3,0) espèces, mais elle atteint 25 dans quelques sites de Provence. Concernant les analyses par habitats, les pelouses et les bois de résineux (pins souvent associés aux pelouses en plaine) apparaissent comme les habitats les plus riches en nombre moyen d’espèces par visite et par transect et on voit peu de différences de richesse entre ces deux habitats. Les forêts de feuillus, les lisières, les prairies, les friches et les sols rocheux ont une richesse spécifique un peu plus basse. Les milieux urbains, suburbains et agricoles non herbeux donnent des résultats plus bas et plus variables, surtout les milieux suburbains.
L’étude détaille aussi la répartition de 35 espèces par types d’habitats : 14 généralistes, 1 des lisières et des jardins, 3 des prairies (mésophiles) et des friches, 8 des pelouses sèches (calcaires), 4 des bois et forêts, 1 des milieux rocheux méditerranéens (garrigues), 2 migratrices. La distribution par habitats des 3 Melanargia français est ensuite comparée.
L’index de grégarité (abondance totale divisée par le nombre de visites de transects où l’espèce a été observée) évolue encore significativement cette année. Parmi les espèces communes, les plus significativement grégaires sont Polyommatus coridon, Melanargia galathea, Pyronia tithonus et Maniola jurtina. Suivent Polyommatus bellargus, Vanessa cardui et Aphantopus hyperantus, tous avec des index de grégarité supérieurs à 4.
La comparaison des courbes de phénologie de 2013 avec la moyenne des années antérieures montre que la plupart des courbes d’émergence sont retardées par rapport à la moyenne des années précédentes, comme c’était déjà le cas en 2012, mais cette situation est plus nette en 2013. Les courbes de phénologie montrent que la plupart des espèces univoltines étudiées sont apparues deux (Anthocharis cardamines) à quatre (Coenonympha arcania) semaines plus tard que les années précédentes. Les espèces plurivoltines ont aussi connu des périodes d’émergence retardées deux (Maniola jurtina) à quatre (Pieris brassicae) semaines et, pour certaines d’entre elles, ce retard était encore visible en fin d’été (Polyommatis bellargus et coridon). Plusieurs espèces ont connu leur principal pic d’émergence en fin d’été : c’est le cas des trois Pieris, par exemple, mais aussi de Polyommatus bellargus et coridon et Coenonympha pamphilus. Polyommatus icarus a surtout été abondant en milieu d’été. Les migrateurs, peu nombreux en général, ont eu des périodes d’émergence (ou de flux migratoire) assez uniformes, mais Colias croceus, abondant, a surtout été observé au milieu de l’été et encore plus à l’automne.
L’indicateur papillons calculé sur 61 espèces observées sur au moins 70 transects, montre que 2013, en raison du printemps froid et humide suivi d’un été sec et chaud, a connu un retard marqué dans les éclosions, pouvant atteindre trois ou quatre semaines fin juin. Cette année a permis d’observer de nombreuses anomalies avec parfois des bonnes surprises comme la présence d’espèces inattendues sur plusieurs sites. Les index moyens ne montrent cependant pas de tendances fortes, mais plutôt une prolongation des tendances des années antérieures, à savoir une baisse lente (moins 10-11% en 9 ans en considérant l’ensemble des espèces), une régression plus forte des espèces des forêts et des pelouses calcaires et autres milieux herbeux, une stabilité relative des espèces généralistes et une progression confirmée des espèces des buissons.
Notre approche originale, qui combine des sites choisis et des sites tirés-au-sort a un grand intérêt : les sites tirés-au-sort sont préférables pour la représentativité nationale et les sites choisis pour l’étude des espèces spécialistes et patrimoniales : 21 espèces sur 45 étudiées sont significativement plus abondantes sur les sites choisis, 12 espèces (la plupart assez rares) semblent significativement plus abondantes sur les sites tirés-au- sort et 12 sont aussi bien représentées sur les deux types de sites.
Résultats 2013 pour quelques espèces
Zerynthia rumina
Pieris rapae
Pieris napi
Anthocharis cardamines
Colias croceus
Polyommatus bellargus
Coenonympha pamphilus
Coenonympha arcania
Inachis io
Ladoga camillia
Argynnis paphia
L’indice moyen
2013 a été sur la plan météorologique l’année des extrêmes : un printemps froid et humide et un été sec et chaud. Outre un retard marqué dans les éclosions, pouvant atteindre trois ou quatre semaines fin juin, on note cette année de nombreuses anomalies et parfois des bonnes surprises avec la présence d’espèces inattendues sur plusieurs sites. Les index moyens ne montrent cependant pas de tendances fortes, mais plutôt une prolongation des tendances des années antérieures, à savoir une baisse lente (moins 10-11% en 9 ans en considérant l’ensemble des espèces), avec une régression plus forte des espèces des forêts et des pelouses calcaires et autres milieux herbeux, une stabilité relative des espèces généralistes et une progression confirmée des espèces des buissons (Figure 10).
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Belles photos, surtout aux lumières changeantes du jour.