Le rapport complet : Suivi Temporel des Rhopaloceres de France Bilan 2005-10 (18 mars 11)
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Le Suivi Temporel des Rhopalocères de France (STERF) est un programme conjoint entre le Département Écologie et Gestion de la Biodiversité du MNHN et le milieu associatif, dont l’ALF est le principal promoteur. Mis en place en 2005 en Île-de-France, puis en 2006 au niveau national, il vise à suivre à long terme l’évolution des populations de papillons de jour, en relation avec les modifications environnementales et le changement climatique. Les comptages (sans nécessité de capture) se font par la méthode des transects, chaque site tiré-au-sort (pour la représentativité nationale) ou choisi (patrimoniaux, suivis aussi pour d’autres études …) étant divisé en transects écologiquement homogènes et parcourus systématiquement en 10 minutes, 4 à 6 fois par an.
En mars 2011, nous avons reçu des données pour 174 sites de suivi STERF (sur l’ensemble des 6 ans), dont 79 (45%) sont des sites tirés-au-sort, et 95 (56%) sont des sites choisis par les observateurs. La région Île-de-France est la mieux couverte (73 sites), suivie des régions Champagne-Ardenne (20 sites), Provence – Alpes Côte-d’Azur (14 sites) et Rhône-Alpes (19 sites).
Depuis le début de l’étude, on dénombre 424 comptages en 2005 (sur 14 sites), 2234 en 2006 (sur 90 sites), 2283 en 2007 (sur 86 sites), 2403 en 2008 (sur 87 sites), 3007 en 2009 (sur 107 sites) et 3130 en 2010 (sur 116 sites).
Sur 169.899 individus comptés (2005-2010) appartenant à 196 espèces, 98.0% (n=166.432) l’ont été au niveau de l’espèce (niveau 3, tableau 1), 0.9% (n=1557) au niveau 2 (regroupements modérés d’espèces voisines, tableau 2), et 1.1% (n=1910) au niveau 1 (larges regroupements d’espèces ressemblantes, tableau 3).
Les espèces les plus abondantes sont Maniola jurtina, Pieris rapae et Vanessa cardui (en raison des migrations massives observées en 2009, mais plus en 2010), Pieris rapae/napi, Pyronia tithonus, Melanargia galathea, Polyommatus coridon et Coenonympha pamphilus.
Les espèces le plus fréquemment observées, c’est-à-dire qui ont été rencontrées dans le plus grand nombre de transects sont Maniola jurtina, Pieris rapae et Coenonympha pamphilus. Melanargia galathea, Polyommatus coridon et P. bellargus régressent fortement dans le classement (par rapport à l’abondance), ce qui s’explique par le fait que ces espèces sont plus localisées et présentent en général des populations abondantes.
La richesse spécifique (nombre moyen d’espèces présentes lors d’une visite d’un transect) est en moyenne est de 3,6 +/- 3,1) espèces, mais elle atteint 25 dans quelques sites de Provence.
Concernant les analyses par habitats, les pelouses calcaires et les bois de résineux (souvent associés aux pelouses calcaires, notamment en Île-de-France) apparaissent comme les habitats les plus riches en nombre d’espèces. Un peu moins riches sont les forêts de feuillus, les friches, les autres zones herbeuses et les lisières de forêts. Les zones suburbaines, qui apparaissaient comme étonnamment riches les premières années du STERF, descendent dans le classement et présentent toujours une très grande variabilité. Les habitats urbains, agricoles et les lisières entre habitats non-forestiers sont les plus pauvres.
L’étude détaille aussi la répartition de 21 espèces par types d’habitats : 7 généralistes, 4 des lisières et des jardins, 3 des prairies, 5 des pelouses calcaires, 1 des forêts et 1 migratrice.
L’indicateur papillons (abondance moyenne de chaque espèce par quinzaine, obtenue en divisant le nombre total d’individus observés dans la quinzaine par le nombre de transects parcourus durant cette quinzaine), calculé sur 61 espèces observées sur au moins 50 transects, semble montrer que 2010 a été défavorable dans son ensemble pour les papillons comme d’ailleurs pour la plupart des insectes (météorologie fraîche et humide). Si l’on analyse l’index moyen des espèces réparties par groupes de milieux, la situation en 2010 ressemble à celle de 2008 (deux années défavorables) et les index sont tous légèrement inférieurs à ceux de 2006, l’année de référence de cette étude.
L’index de grégarité (abondance totale divisée par le nombre de visites de transects où l’espèce a été observée) donne en tête, pour les espèces à répartition nationale, Polyommatus coridon, Melanargia galathea, Vanessa cardui et Polyommatus bellargus, Maniola jurtina et Pyronia tithonus. Mais ce sont des espèces très locales (alpines et méditerranéennes) qui se classent en tête, sans que l’on puisse en tirer de conclusion fiable (effectif insuffisant). Citons Parnassius mnemosyne, Satyrium esculi, Melanargia lachesis et Pyronia bathseba, par exemple.
Concernant l’intérêt des sites choisis par rapport aux sites tirés-au-sort, il s’avère que, sur 21 espèces étudiées, 14 d’entre elles sont significativement plus abondantes sur les sites choisis, 5 sont aussi abondantes sur les sites choisis ou tirés-au-sort et 2 sont plus abondantes sur les sites tirés-au-sort. Il s’agit de Parage aegeria, très commun dans tous les types de milieux boisés, broussailleux et suburbains et des lisières et, étonnamment, de Pieris sp., qui regroupe P. napi et rapae (indéterminés) et qui se comporte de manière paradoxale, puisque les deux espèces séparées sont plus abondantes sur les sites choisis. Il s’agit probablement d’un biais.
STERF : le bilan 2010
Le rapport complet (pdf) : Suivi Temporel des Rhopaloceres de France Bilan 2005-10 (18 mars 11)