Le rapport 2012 complet : pdf
Rapport du 29 mars 2013 – pdf :
suivi_temporel_des_rhopaloceres_de_france_bilan_2005-12_du_29_mars_2012
Présentation du Rapport STERF – Bilan 2005 – 2012
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Le Suivi Temporel des Rhopalocères de France (STERF) est un programme conjoint entre le Département Écologie et Gestion de la Biodiversité du MNHN et le milieu associatif, dont l’ALF est le principal promoteur. Mis en place en 2005 en Île-de-France, puis en 2006 au niveau national, il vise à suivre à long terme l’évolution des populations de papillons de jour, en relation avec les modifications environnementales et le changement climatique. Les comptages (sans nécessité de capture) se font par la méthode des transects, chaque site tiré-au-sort (pour la représentativité nationale) ou choisi (patrimoniaux, suivis aussi pour d’autres études …) étant divisé en transects écologiquement homogènes et parcourus systématiquement en 10 minutes, 4 à 6 fois par an.
En mars 2013, nous avons reçu des données pour 215 sites de suivi STERF (sur l’ensemble des 8 ans), dont 94 (44%) sont des sites tirés-au-sort, et 121 (56%) sont des sites choisis par les observateurs.
La région Île-de-France est la mieux couverte (80 sites), suivie des régions Rhône-Alpes (26 sites), Champagne-Ardenne (20 sites, visités surtout en 2009-10 dans le cadre du programme Biodiversité-Luzerne), et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (15 sites). Le fort échantillonnage en Île-de-France s’explique principalement par la concentration d’entomologistes dans cette région, et par l’existence locale de plusieurs programmes institutionnels, dont Entomovigilance, l’Atlas de la Biodiversité en Seine-et-Marne (2006-2010) et le STERF en Val-d’Oise (2011-2013 …), utilisant le protocole STERF pour quantifier la diversité en rhopalocères.
Au total, depuis le début de l’étude, en définissant un comptage comme une visite sur un transect (10 minutes de comptage), on dénombre : 424 comptages en 2005 (sur 14 sites), 2230 en 2006 (sur 90 sites), 2262 en 2007 (sur 86 sites), 2378 en 2008 (sur 87 sites), 2902 en 2009 (sur 108 sites), 2896 en 2010 (sur 116 sites), 2942 en 2011 (sur 93 sites) et 3093 en 2012 (sur 104 sites).
Sur 241.097 individus comptés (2005-2012) appartenant à 199 espèces, 97.5% (n=235.185) l’ont été au niveau de l’espèce (niveau 3), 1.1% (n=2598) au niveau 2 (regroupements modérés d’espèces voisines, tableau 2), et 1.4% (n=3314) au niveau 1 (larges regroupements d’espèces ressemblantes).
Les espèces les plus « abondantes » (nombre brut d’individus comptés) sont Maniola jurtina, Pieris rapae, Pyronia tithonus, Polyommatus coridon et Melanargia galathea. Vanessa cardui , qui régresse de la cinquième à la sixième place, retrouve une position plus attendue (son abondance extrême en 2009 due à des migrations massives l’avait positionné trop haut depuis trois ans par rapport aux situations habituelles). Polyommatus icarus, Coenonympha pamphilus et Pieris rapae/napi … viennent ensuite.
Les espèces le plus fréquemment observées, sont Pieris rapae et Maniola jurtina, suivis de Coenonympha pamphilus, Pieris sp., Pieris brassicae et Polyommatus icarus. Melanargia galathea, Polyommatus coridon et P. bellargus, sont plus bas dans le classement (par rapport à l’abondance), ce qui s’explique par le fait que ces espèces sont localisées mais présentent en revanche des populations abondantes. Pieris rapae, Pyronia tithonus et Coenonympha pamphilus occupent globalement la même place dans les deux classements (espèces plutôt ubiquistes largement dispersées).
La richesse spécifique (nombre moyen d’espèces présentes lors d’une visite d’un transect) s’obtient en divisant la somme du nombre d’espèces observées lors d’une visite par le nombre de visites. Elle est en moyenne est de 3,42 +/- 3,1) espèces, mais elle atteint 25 dans quelques sites de Provence.
Concernant les analyses par habitats, les pelouses et les bois de résineux (pins souvent associés aux pelouses en plaine) apparaissent comme les habitats les plus riches en nombre d’espèces moyen par visite et par transect et on voit peu de différences de richesse entre ces deux habitats. Les forêts de feuillus, les lisières, les prairies, les friches et les sols rocheux ont une richesse spécifique un peu plus basse. Les milieux urbains, suburbains et agricoles non herbeux donnent des résultats plus bas et plus variables, surtout les deux premiers. L’étude détaille aussi la répartition de 21 espèces par types d’habitats : 6 généralistes, 4 des lisières et des jardins, 3 des prairies, 5 des pelouses calcaires, 1 des forêts et 2 migratrices.
Les courbes de phénologie montrent que la plupart des espèces univoltines étudiées sont apparues une quinzaine plus tard que les années précédentes (C. arcania, A. hyperantus, M. galathea, P. tithonus), surtout pour les espèces estivales. Le beau temps de mars explique sans doute qu’A. cardamines, espèce du premier printemps, a par contre été très précoce. Les espèces plurivoltines ont, quant à elles, connu des périodes d’émergence conformes à la moyenne des années antérieures. À noter la recrudescence des émergences tardives (fin août à octobre pour plusieurs Pieridae : Pieris sp. et Colias alfacariensis), mais aussi pour Polyommatus bellargus, deux espèces (les dernières citées) des pelouses calcaires.
L’indicateur papillons calculé sur 61 espèces observées sur au moins 50 transects, semble montrer que 2012, au temps maussade et frais, a été très défavorable aux espèces forestières, marque un léger infléchissement sur les pelouses, les buissons et pour l’ensemble des espèces, mais une légère progression pour les espèces généralistes. En d’autres mots, les espèces généralistes souvent banales ont souvent mieux tiré parti de cette mauvaise saison que les espèces spécialistes. La chute des espèces forestières pourrait être inquiétante (indice à 0,80), mais nous avons besoin de recul, car cette catégorie présentait des résultats stables sur la période 2005-2011 et 2011 avait même été favorable à ces espèces. Seule une confirmation sur plusieurs années serait inquiétante. Toutefois, l’indice moyen de l’ensemble des espèces montre une descente lente d’environ 10% en 8 ans, qui confirme la tendance observée dans d’autres pays européens.
L’index de grégarité (abondance totale divisée par le nombre de visites de transects où l’espèce a été observée) donne en tête, pour les espèces communes à répartition nationale, Polyommatus coridon, Melanargia galathea, Pyronia tithonus et Maniola jurtina. Suivent Polyommatus bellargus et Aphantopus hyperantus, tous avec des index de grégarité supérieurs à 5. D’autres espèces peu répandues apparaissent en haut du classement (Satyrium esculi, Erebia cassioides, Parnassius mnemosyne …), mais le trop petit nombre d’observations rend ces résultats peu significatifs.
Concernant l’intérêt des sites choisis par rapport aux sites tirés-au-sort, il s’avère que, sur 21 espèces communes étudiées, 14 sont significativement plus abondantes sur les sites choisis et 6 (plus le complexe P. napi + rapae) sont aussi abondantes sur les sites choisis ou tirés-au-sort (pas de différence significative). Aucune espèce n’est plus significativement abondante sur les sites tirés au sort (Pararge aegeria était dans ce cas en 2011).
Dans l’ensemble, 2012 a été une année défavorable aux populations de papillons, en raison du mauvais temps qui a régné partout au printemps et l’essentiel de la saison sur une grande moitié Nord, à l’exception du mois d’août. Les index d’abondance (index Papillons) donnent des valeurs comprises entre 0,80 (forêts) et 1,08 (buissons) avec, pour les autres pour les espèces spécialistes et légèrement inférieures à 1 pour les généralistes, par rapport à notre référence (fixée arbitrairement à 1 en 2006). De manière générale, on note une lente érosion de l’index papillons moyen en 7 ans (environ 10%), les généralistes (« banalisation de la faune ») et celles buissons s’en tirant plutôt mieux que les autres.
Les espèces le plus communément rencontrées sont surtout des Satyrinae des milieux ouverts (Maniola jurtina, Pyronia tithonus, Melanargia galathea et Coenonympha pamphilus) ou des buissons et forêts (Pararge aegeria), les piérides blanches (Pieris napi, rapae et brassicae), et quelques lycènes bleus (Polyommatus icarus, bellargus et coridon). Ces dernières espèces sont cependant observées sur un plus petit nombre de sites, ce qui s’explique par le fait que ces espèces sont spécialistes et très localisées mais pre?sentent par contre en général des populations abondantes.
Comme notre expérience de terrain nous le suggérait, les pelouses, les habitats forestiers (et buissonnants) et leurs lisières hébergent le plus grand nombre d’espèces (richesses spécifiques les plus élevées).
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Bravo pour ce rapport passionnant.
L’indice de grégarité moyen (tableau 8, page 60) semble indiquer une tendance à la baisse. Peu de chances en effet que la France connaisse une tendance inverse à celle du reste des pays européens vu la mauvaise gestion des milieux dans notre pays.
Il serait intéressant d’avoir également ce tableau en excluant les espèces migratrices qui faussent les tendances. Je prends le pari que le pic de 2009 est beaucoup moins impressionnant sans Vanessa cardui.
Olivier