(Cliquez sur cartes et photos pour un meilleur effet !)
Parides vercingetorix OBERTHÜR, 1888 (Papilionidae, Troidini) vole en Guyane et probablement au Surinam. C’est un papillon réputé rare, voire très rare. Il est surtout rare dans les collections. Dans les années 1920-1930, les collecteurs (souvent d’ex-bagnards) d’Eugène Le Moult en ont procuré quelques exemplaires à des collectionneurs privés et à des Musées. Selon Sébastien Demay, «une femelle (coll. Boullet) figure au Muséum d’histoire naturelle de Paris et quelques spécimens sont également présents au British Muséum (Coll. Charles Oberthür)».
Parides vercingetorix en Guyane
Parides vercingetorix n’était connu que d’une toute petite partie de la Guyane : les environs de Saint-Laurent-du-Maroni. Cependant, Jean-Yves Gallard, possesseur d’un exemplaire provenant de Mana-Saint-Laurent, précise qu’existait, voici trente ou quarante ans, une petite colonie au Bagne des Annamites près de Montsinéry. C’est là que le célèbre Père Barbotin en récoltait.
En novembre 2009, Christian Castelain capture un mâle de vercingetorix sur le Sentier du Gros Arbre, près de Saül, au centre de la Guyane. Cette découverte élargit considérablement le territoire reconnu du papillon. On peut encore supposer qu’il vole au Surinam, bien qu’il ne soit toujours pas cité dans Hajo B.P.E. Gernaat, Borgesius G. Beckles, Tinde van Adel, Butterflies of Suriname – A Natural History, KIT Publishers, Amsterdam, 2012.
Sur Parides vercingetorix à Saül, voir l’article de Lépidoptères n°53, décembre 2012 :
lep_RLF_53_diringer_parides_vercingetorix_final
P. vercingetorix au Plateau des Mines
En octobre 2012 et en novembre 2013, deux nouvelles rencontres avec Parides vercingetorix font la joie de deux membres de l’ALF. Elles se déroulent sur le Plateau des Mines, au sud de Saint-Laurent du Maroni, à proximité du Gîte Moutouchi (équipé pour la prospection entomologique).
C’est dans un petit chemin, proche d’une crique, dans un sous-bois assez clairsemé, mais peu éclairé, vers 13 h, le 21 octobre 2012, que notre amie capture Parides vercingetorix. Dans la demi-heure suivante, ce sont six Parides chabrias ygdrasilla qui sont récoltés !
Le groupe chabrias
Parmi les Papilionidae LATREILLE, [1802], Troidini TALBOT, 1939, Parides HÜBNER, [1819], P. vercingetorix relève du groupe d’espèces III : chabrias (Sébastien Dumay). Voici quelques autres espèces de ce groupe :
Concernant la synonymie entre P. vercingetorix et P. coelus, citons Louis Diringer : «Papilio coelus (BOISDUVAL, 1836) est un synonyme plus ancien que Papilio vercingetorix (OBERTHÜR, 1888) mais il ne peut pas être utilisé comme nom valide pour ce taxon car c’est un homonyme primaire de Papilio coelus (STOLL, 1781), qui est définitivement invalide. Par conséquent, le nom qui a été adopté comme valide pour le taxon est le plus ancien, à savoir P. vercingetorix, même s’il a été attribué postérieurement et que cela peut être source de confusion.»
Parides vercingetorix : le récit d’Alexis Passerieux
«Le lendemain de notre arrivée à Moutouchi (le jeudi soir), nous nous sommes baladés sur les layons autour du camp, à la recherche de Parides ! Une petite joie déjà, d’attraper deux mâles lysander et une femelle. Le soir Franck me dit qu’ils ont ouvert un nouveau layon au bout de la piste (peut-être est-ce celui que tu connais ? Je ne savais pas que tu avais déjà capturé un vercingetorix là-bas). Nous nous y rendons le lendemain et jusqu’à la cascade nous ne trouvons que peu de papillons. Cependant, au retour dans la zone la plus déclive, au niveau de la crique, un, deux …., trois chabrias ! (il est 14h00). La joie ! Nous nous en tenons à ceci pour cette journée, et je suis déjà ravi ! Et, bien sûr, le lendemain nous y retournons : il est 10h30, la journée s’annonce chaude et orageuse (nous avons eu pas mal de pluies durant le séjour). Vers le début du layon, sur un arbre avec de petites fleurs (merci à qui déterminera l’identité de cet arbre !), on découvre pas mal de Parides qui volettent, dont chabrias ! On attend, on observe, et là sur un arbre en fleur aussi (voir photos), au bord du chemin, à trois mètres de hauteur, un Parides, c’est une femelle et je l’attrape ! Mon père capture aussi : ce sont essentiellement des lysander, sesostris et aussi deux chabrias ! Au moment de mettre en papillote, je sors la « femelle » capturée : elle présente des androconies et un repli anal !!!!! C’est un mâle : un seul mâle en Guyane peut avoir l’air d’une femelle (tache blanche aux antérieures et rouge aux postérieures), c’est vercingetorix ! Je n’y crois pas ! Je réfléchis toute la journée. Dès notre retour au camp, je vérifie et le verdict est clair : c’est bien vercingetorix !
Voilà la petite histoire ! Nous y sommes retournés plusieurs fois. Concernant la petite crique, on y trouve également chabrias, sesostris et lysander, mais surtout aeneas qui n’était pas présent « en haut » : c’est une belle bête lui aussi !
Désormais, à force d’observations, j’arrive bien à faire la différence en vol entre un sesostris, un lysander, un aeneas, ce qui n’était pas évident au début ! Je me suis rendu compte aussi que la météo est très importante dans la hauteur du vol en forêt, mais aussi quant à l’activité des papillons.»
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Excellent article. Il est intéressant de noter que cette espèce est toujours présente en Guyane et non loin des sites où elle fût découverte. De plus cette région permet de découvrir une autre Guyane que celle habituellement prospectée par les entomologistes. Enfin, Franck et Isabelle, les propriétaires du gîte, sont formidables.
Le récit de la capture de P. vercingetorix est captivant. Bravo à Alexis! De plus, il est très bien illustré et pour ceux qui ont eu la chance de se promener dans les forêts autour de Moutouchi, cela donne envie d’y retourner bien vite.
La femelle de P. sesostris est superbe.
Alexis, quand on connait l’endroit, c’est vrai que c’est très bien résumé.
Louis, c’est toi et Claude qui aviez inauguré ce nouveau layon cet été, de bons souvenirs avec des photos compromettantes de franchissement de criques peu orthodoxes!
Bonnes fêtes à tous !
Nous vous attendons en 2014 pour de nouvelles captures.
[img]https://www.lepidofrance.fr/wp-content/gallery/illustrations/Logo_MOUTOUCHI.jpg[/img]
En 2014, j’espère bien venir et séjourner à Moutouchi !! Un long moment !!
Jean-Marc
Merci à vous !
Je compte bien y retourner aussi : il y a pas mal de coins à prospecter et le séjour chez Isabelle et Franck est toujours très convivial .
Alexis
Où peut-on voir les « photos compromettantes » ?
Les photos compromettantes sont réservées exclusivement aux habitués de Moutouchi, je ne voudrais pas qu’on épuise la force herculéenne de notre ami Franck. Ce que je peux dire c’est que le layon est superbe même si l’été dernier les papillons en général et les lycènes y étaient bien discrets. Mais il est vrai que Moutouchi se mérite et que l’on y retourne toujours avec bonheur.
Bonnes fêtes à tous, Louis
Je n’ose pas Jean-Marc, je ne voudrais pas remettre en cause la prestance de mon ami Louis car sa réputation en prendrait un sacré coup.
L’entomologie, sur le terrain (forêts équatoriales ou hautes montagnes, mangroves ou précipices), et non pas dans le confort du laboratoire ou de la bibliothèque, conduit bien souvent à des situations bizarres voire périlleuses. L’entomologiste qui les affronte en retire expérience et prestige. Aucun risque que la réputation de Louis en souffre. Bien au contraire ! Sa renommée s’étendra au firmament des sciences naturelles. Sic itur ad astra !
Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute…
Bien essayé, Jean-Marc mais ça ne marchera pas, tout comme moi au passage de cette fichue crique!
Bonnes fêtes de fin d’année à tous, Amitiés
Louis
J’ai récolté un mâle de Parides vercingetoryx tout près de Kourou le 21.IX.2012 (nationale en direction de Sinnamary). Le biotope est en train d’être déboisé malheureusement. Cela élargit encore la cartographie…
Cordialement
Bruno Allain
[img]https://www.lepidofrance.fr/wp-content/gallery/illustrations/P.Vercingetoryx 1.jpg[/img]