Le but de cet article est de présenter comment, au fil de l’année et au sein d’un périmètre réduit, se manifestent des papillons diurnes, le plus souvent communs ou très communs. Ce texte s’adresse ainsi à l’amateur curieux et non pas à l’entomologiste expert.
Ce périmètre réduit est celui de la partie sud-est du hameau des Hautes-Lisières (commune de Rouvres, 28260). Comme on le constate sur la carte et sur la photo satellite ci-dessous, ce terroir associe forêts (feuillus pour l’essentiel) et champs ouverts (blé, colza, prés). À l’emplacement désigné par le pointeur, l’altitude est de 130 m ; elle diminue légèrement vers le thalweg qui se situe là où la D21 traverse une lisière entre bois et champs (115 m). La distance entre ces deux points cotés est d’un peu plus de 500 m. Le pointeur indique aussi un carrefour entre plusieurs chemins : nous retiendrons celui partant vers le sud à travers bois (jusqu’à la cote 132) et celui partant vers le sud-est, rejoignant la D21-7 après un petit pont au niveau du talweg (lieudit « Les Montauderies »). Nombre des photos qui suivent ont été prises le long de ces deux chemins ; les autres provenant soit d’un jardin (juste au nord du point 130) ou des prés s’allongeant entre le petit pont et le point 115.
(Cliquer sur les cartes et sur les photos pour un meilleur effet !)
Carte géoportail IGN
Photo-satellite IGN
Les papillons figurant dans cet article sont des Rhopalocères de la zone paléarctique (Europe, Afrique du Nord, Sibérie, Chine centrale et du Nord). Quelques exceptions : la Zygène est un hétérocère ; Vanessa cardui est un migrateur d’origine africaine (zone afro-tropicale).
Nous présenterons ces papillons selon le moment de leur apparition au cours de l’année et en les groupant par famille. On notera que, ces dernières années, nous n’avons pas observé un seul représentant de la famille des Papilionidae (espèce la plus connue en France :
Papilio machaon).
Mars & Avril : les « survivants »
Les premiers lépidoptères visibles, dès les premiers beaux jours, sont ceux qui ont hiverné et qui ont une durée de vie de plusieurs mois, à la différence de la plupart des papillons que ne vivent comme adultes (imagos) que quelques jours ou semaines. On peut ainsi rencontrer aux Hautes-Lisières, dans la maison ou dans la grange, en plein hiver, Nymphalis polychloros (la « Grande tortue« ) LINNAEUS, 1758 (non photographié). Ces « survivants » sont souvent « frottés » : au fil du temps, ils ont perdu une bonne partie des écailles de leurs ailes et ils portent les cicatrices de rencontres avec des prédateurs ou de déchirures dans la végétation.
Inachis io LINNAEUS, 1758, sur fleurs de prunier du jardin. Les Hautes-Lisières, 3 avril 2009. Photo : J.-M. Gayman
Inachis io LINNAEUS, 1758, « frotté » sur fleurs de prunier, dans le jardin. Les Hautes-Lisières, 3 avril 2009. Photo : J.-M. Gayman
Polygonia c-album LINNAEUS, 1758, « frotté » et lacéré sur fleurs de prunier, dans le jardin. Les Hautes-Lisières, 3 avril 2009. Photo : J.-M. Gayman
Gonopteryx rhamni LINNAEUS, 1758, « frotté » sur Pissenlit commun (jardin). Les Hautes-Lisières, 5 avril 2009. Photo : J.-M. Gayman
Vanessa atalanta LINNAEUS, 1758, en forêt. Les Hautes-Lisières, 8 mai 2009. Les Hautes-Lisières. Photo : J.-M. Gayman
Noms communs de ces papillons :
• Inachis io : « Le paon du jour » (Nymphalidae)
• Polygonia c-album : « Robert le diable » (Nymphalidae)
• Vanessa atalanta : « Le Vulcain » (Nymphalidae)
• Gonopteryx rhamni : « Le Citron » (Pieridae).
Avril & Mai : les « avant-gardistes »
Dès avril, apparaissent de nouveaux papillons (nouvelle génération). Voici les plus précoces.
Satyridae
Pararge aegeria LINNAEUS, 1758, femelle, en forêt. Les Hautes-Lisières, 8 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Coenonympha pamphilus LINNAEUS, 1758, en forêt. Les Hautes-Lisières, 8 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Noms communs :
• Pararge aegeria : « Le Tircis »
• Coenonympha pamphilus : « Le Procris »
Le premier ne fréquente que la forêt (ou la lisière). Le second se rencontre un peu partout ; il abonde, notamment, dans la pelouse du jardin. Ces deux espèces sont polyvoltines (deux à trois générations annuelles) : on peut ainsi les observer pendant la majeure partie de l’année.
Pieridae
Anthocharis cardamines LINNAEUS, 1758, mâle. Les Hautes-Lisières, 9 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pieris napi napi LINNAEUS, 1758, mâle, en forêt. Les Hautes-Lisières, 8 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Ces deux rhopalocères fréquentent des biotopes très divers (forêt, lisière, prés, jardins). Pieris napi devient rapidement l’un des papillons les plus communs et les plus ubiquistes. Par contre, Anthocharis cardamines disparaît des Hautes-Lisières avant même la fin mai. Noms communs :
• Anthocharis cardamines : « L’Aurore »
• Pieris napi napi : « La Piéride du navet
Nymphalidae
Au printemps 2009, Vanessa (Cynthia) cardui (la « Belle dame ») s’est manifestée des les premiers jours de mai en avant-garde d’une série de vagues migratrices exceptionnelles (voir cette page).
Vanessa cardui LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières (28), 10 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Au même moment, la nouvelle génération de « Robert le Diable » est encore à l’état de chenille :
Chenille de Polygonia c-album LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 29 mai 2009. Photo ; J.-M. Gayman
Satyridae
Un papillon qui affectionne les milieux secs (terre dénudée, rochers) : « La mégère » (recto et verso) :
Lasiommata megera LINNAEUS, 1767, mâle. Les Hautes-Lisières, 30 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Lasiommata megera LINNAEUS, 1767, mâle. Les Hautes-Lisières, 30 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Lycaenidae
Quelques lycènes se sont montrés assez tôt en 2009 (contrairement à l’année précédente). Ils volent surtout dans un biotope précis : un pré non fauché où abondent les fleurs.
Localisation de la majorité des lycènes
Lisière et prairie, près des Hautes-Lisières ; biotope de nombreux lycènes (mais aussi de Pyronia tithonus, etc.). Photo prise le 31 mai 2009, J.-M. Gayman
Polyommatus icarus ROTTEMBURG, 1775, mâle, verso. Les Hautes-Lisières, 29 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Aricia agestis DENIS & SCHIFFERMÜLLER, 1775, mâle. Les Hautes-Lisières, 30 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Celastrina argiolus LINAAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 29 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Callophrys rubi LINNAEUS, 1758, dans le jardin. Les Hautes-Lisières, 29 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Noms communs :
• Aricia agestis : « Le collier de corail »
• Celastrina argiolus : « L’Azuré des nerpruns »
• Callophrys rubi : « L’Argus vert »
Hesperiidae
Carcharodus alceae ESPER, 1780. Les Hautes-Lisières, 29 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pyrgus malvae LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 29 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Noms communs de ces hespéries, observées à proximité des lycènes :
• Carcharodus alceae : Hespérie de l’alcée
• Pyrgus malvae : Hespérie de la mauve
Juin & Juillet : les « gros bataillons »
À partir de la seconde moitié de juin, le nombre de papillons augmente considérablement, aussi bien sur le plan des espèces que sur celui des individus. Melanargia galathea, Pyronia tithonus, Inachis io, Pieris napi, Pieris rapae, et surtout Maniola jurtina sont les espèces les plus abondantes. Ce dernier se rencontrant en grande quantité dans tous les biotopes (de même pour Pieris napi et Pieris rapae).
Pieridae
Pieris napi napi LINNAEUS, 1758, femelle, seconde génération, en forêt. Les Hautes-Lisières, 14 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pieris napi napi LINNAEUS, 1758, seconde génération, femelle. Les Hautes-Lisières, 12 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pieris rapae, LINNAEUS, 1758, femelle. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pieris rapae, LINNAEUS, 1758, femelle. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
L’observateur différenciera assez facilement Pieris napi de P. rapae en comparant les versos : la seconde a les ailes postérieures jaunâtres et la première présente une suffusion noire caractéristique le long des nervures.
Pieris rapae LINNAEUS, 1758, mâle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pieris brassicae LINNAEUS, 1758, femelle. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Noms communs :
• Pieris rapae : Piéride de la rave
• Pieris brassicae : Piéride du chou
Aux Hautes-Lisières, c’est Pieris napi qui semble la plus précoce, suivie par Pieris rapae et P. brassicae. Les trois espèces sont polyvoltines : c’est l’un des facteurs expliquant la fréquence de ces papillons (moindre pour P. brassicae), hôtes des biotopes les plus divers.
Colias alfacariensis RIBBE, 1905, mâle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Colias croceus FOURCROY, 1785, femelle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Colias croceus FOURCROY, 1785, femelle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Colias croceus FOURCROY, 1785, femelle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman.
Les Colias s’obstinant à se poser les ailes toujours refermées, pour en exposer la face supérieure, il a fallu capturer l’insecte et le maintenir déployé à l’aide d’une pince. L’opération réalisée, cette femelle a été relâchée.
• Colias croceus : le « souci »
• Colias alfacariensis : le « fluoré »
Gonopteryx rhamni LINNAEUS, 1758, mâle, sur fleur de ronces. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Gonopteryx rhamni LINNAEUS, 1758, femelle, sur fleur de cirse. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Autre Pieridae vue, mais non photographiée :
• Leptidea sinapis (« Piéride de la moutarde ») LINNAEUS, 1758, fin juin : rare ici (commun ailleurs) ;
Satyridae
Melanargia galathea LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 27 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Melanargia galathea LINNAEUS, 1758, femelle, verso. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Biotope de Melanargia galathea. Les Hautes-Lisières, 30 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Melanargia galathea (nom commun : « le demi-deuil ») fréquente une grande diversité de biotopes : néanmoins, on le trouve surtout dans les prés à partir de la fin juin où il devient très commun.
Maniola jurtina LINNAEUS, 1758, femelle, en forêt. Les Hautes-Lisières, 26 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Maniola jurtina LINNAEUS, 1758, femelle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Maniola jurtina LINNAEUS, 1758, mâle, en forêt. Les Hautes-Lisières, 14 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Le « Myrtil » s’avère de très loin le papillon le plus commun aux Hautes-Lisières. Il se rencontre partout en grande quantité, dès la fin juin, aussi bien en forêt que dans les champs. J’en ai compté 89 dans le jardin, le 27 juin, vers 15 h, en dix minutes.
Forêt et champ, biotopes de nombreuses espèces. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pyronia tithonus, LINNAEUS, 1771, mâle. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Deux Pyronia tithonus, LINNAEUS, 1771, dont un mâle au centre. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Allée forestière : biotope d’Aphantopus hyperantus, Ladoga camilla. Les Hautes-Lisières, 12 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Localisation du biotope d’Aphantopus hyperantus.
Aphantopus hyperantus LINNAEUS, 1758, mâle, en forêt. Les Hautes-Lisières, 9 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Aphantopus hyperantus LINNAEUS, 1758, femelle, en forêt. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Aphantopus hyperantus (« Le tristan ») est uniquement forestier et semble très localisé (deux emplacements seulement reconnus).
Allée forestière : biotope d’Aphantopus hyperantus, Ladoga camilla. Les Hautes-Lisières, 12 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Nymphalidae
Aglais urticae LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 27 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Ce papillon (la « petite tortue »), jadis commun, se raréfie : nous n’avons vu que ce seul exemplaire aux Hautes-Lisières en 2009.
Ladoga camilla LINNAEUS, 1763. Les Hautes-Lisières, 27 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Ladoga camilla, LINNAEUS, 1763, verso. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Le « Petit sylvain », strictement forestier, aime butiner les fleurs des ronces. Commun, il l’est peut-être un peu moins qu’en 2008.
Début juillet, c’est la réapparition (nouvelles générations) de Vanessa atalanta, Inachis io. Ces deux espèces volent dans tous les milieux, la seconde étant nettement beaucoup plus abondante.
Vanessa atalanta LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Deux Inachis io se réchauffant au soleil, vers 10 h le 10 juillet 2009. Les Hautes-Lisières. Photo : J.-M. Gayman
Inachis io LINNAEUS, 1758, se réfugiant dans les blés par temps nuageux. Les Hautes-Lisières, 11 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Inachis io LINNAEUS, 1758, se réfugiant dans les blés par temps nuageux. Les Hautes-Lisières, 11 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Polyginia c-album LINNAEUS, 1758, verso. Les Hautes-Lisières, 27 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Polygonia c-album LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Après une forte diminution des effectifs présents à la fin juin, Vanessa cardui est de nouveau présente en force, début juillet, avec des individus « frais » : il s’agit de la seconde génération composée de la progéniture des imagos migrateurs arrivés du Maroc début mai.
Vanessa (Cynthia) cardui LINNAEUS, 1758, butinant une fleur de Cirse. Les Hautes-Lisières, 12 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Clairière : biotope d’Apatura iris et Polygonia c-album. Cynthia cardui et Inachis io y viennent en nombre butiner les fleurs de Cirses. Les Hautes-Lisières, 12 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Vanessa cardui LINNAEUS, 1758, butinant des fleurs de Cirse lancéolé. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Vanessa cardui LINNAEUS, 1758, butinant une fleur de Cirsium vulgare. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Buisson fleuri où butinent surtout Inachis io et Cynthia cardui. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Vanessa (Cynthia) cardui LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 12 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
En 2008, la Belle dame s’était avérée plutôt rare aux Hautes-Lisières et ne s’était pas manifestée avant la fin juin. En 2009, des milliers d’individus parcourent tous les biotopes (forestiers ou champêtres, prés ou jardins), en deux vagues (mai et début juin, début juillet). Araschnia levana (la « carte géographique ») est également bien présent, cependant, beaucoup plus inféodé au milieu forestier.
Araschnia levana LINNAEUS, 1758, forme prorsa, femelle. Les Hautes-Lisières, 14 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Araschnia levana LINNAEUS, 1758, forme prorsa, mâle. Les Hautes-Lisières, 15 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Apatura ilia DENIS & SCHIFFERMÜLLER, 1775, mâle, verso. Hautes-Lisières, 27 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Apatura ilia DENIS & SCHIFFERMÜLLER, 1775, mâle. Hautes-Lisières, 27 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Apatura ilia DENIS & SCHIFFERMÜLLER, 1775, mâle. Hautes-Lisières, 27 juin 2009. Photo : J.-M. Gayman
Biotope d’Apatura ilia, Pararge aegeria. Les Hautes-Lisières, 30 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Apatura ilia (le « petit mars changeant ») ne se rencontre que le long de l’allée orientée nord-ouest/sud-est, aussi bien dans sa partie entièrement boisée que dans son parcours en lisière. Il faut beaucoup de chance pour le voir de près : l’animal fréquente le sommet des arbres, vole vite, ne butine pas les fleurs et ne se pose que rarement au sol pour « mud-puddler » (le lépidoptère absorbe les sels minéraux sur un sol humide : c’est le cas du spécimen enfin photographié après plusieurs jours de recherche). Apatura iris (le « grand mars changeant ») adopte le même comportement et ne se manifeste (dans le périmètre défini en début d’article) que dans une clairière (également habitée par Aphantopus hyperantus), ouverte sur le chemin nord/sud, où il patrouille rapidement et se posant parfois sur le sol pour se chauffer au soleil ou pour pomper l’urine d’un chien ou d’un renard (comme sur ces photos).
Apatura iris LINNAEUS, 1758, mâle. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Apatura iris LINNAEUS, 1758, mâle. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Apatura iris LINNAEUS, 1758, mâle. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
On remarquera que la photo d’Apatura iris réalisée en 2008 (article « Lépidoptères de la forêt de Dreux« ) a été prise exactement au même endroit : belle continuité dans le comportement d’individus de la même espèce d’une année sur l’autre !
Argynnis paphia LINNAEUS, 1758, mâle. Les Hautes-Lisières, 13 juillet 2009. Photo : Jean-Marc Gayman
Issoria lathonia LINNAEUS, 1758, femelle. Les Hautes-Lisières, 14 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Mellicta athalia ROTTEMBURG, 1775, mâle, en forêt. Les Hautes-Lisières, 14 juillet 2009. Photo : Jean-Marc Gayman
Parmi ces trois derniers nymphalidae, Argynnis paphia (le « tabac d’Espagne ») et Mellicta athalia (la « mélitée des mélampyres ») sont forestiers alors qu’Issoria lathonia (le « petit nacré ») est plus ubiquiste (forêt, prairies sèches, jardins). Ailleurs en France, ce sont trois espèces communes. Aux Hautes-Lisières, elles sont plutôt rares (surtout A. paphia : un seul exemplaire rencontré en deux ans). A. paphia raffole des fleurs de ronces.
Lycaenidae
Satyrium ilicis ESPER, 1779, mâle. Les Hautes-Lisières, 10 juillet 2009. Photo : J-M. Gayman
Satyrium ilicis ESPER, 1779, femelle. Les Hautes-Lisières, 14 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Satyrium ilicis (le « thécla de l’yeuse ») est photographié dans ce pré fréquenté par les autres lycènes et adopte aussi un biotope forestier (seconde photo), celui-là même habité par Aphantopus hyperantus. Lycaena phlaeas (le « cuivré commun ») s’observe aussi bien dans le pré fleuri que dans le jardin.
Lycaena phlaeas, LINNAEUS, 1761, mâle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Lycaena phlaeas, LINNAEUS, 1761, mâle, verso. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Celastrina argiolus LINAAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Polyommatus icarus ROTTEMBURG, 1775, mâle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Polyommatus icarus ROTTEMBURG, 1775, mâle, verso. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Aricia agestis DENIS & SCHIFFERMÜLLER, 1775, femelle. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Hesperiidae
Ochlodes faunus TURATI, 1905. Les Hautes-Lisières, 9 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Ochlodes faunus (la « sylvaine »), commun, se rencontre en forêt ou en lisière de bois.
Ochlodes faunus, TURATI, 1905, mâle & femelle in copula. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Carcharodus alceae ESPER, 1780. Les Hautes-Lisières, 16 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Hétérocères
Zygaenidae
Zygaena ephialtes LINNAEUS, 1767, butinant Scabiosa columbaria. Les Hautes-Lisières, 11 juillet 2009. Photo : J.-M. Gayman
Noctuidae
Noctuidae : cuculliinae : chenilles de Shargacucullia scrophulariae DENIS & SCHIFFERMÜLLER, 1775. Les Hautes-Lisières, 30 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Noctuidae : cuculliinae : chenille de Shargacucullia scrophulariae DENIS & SCHIFFERMÜLLER, 1775. Les Hautes-Lisières, 30 mai 2009. Photo : J.-M. Gayman
Septembre – Octobre : l’arrière-garde
En septembre, et en octobre surtout, ne volent que les espèces plurivoltines (plusieurs générations dans l’année : comme Pieris rapae ou Vanessa cardui, ou ayant une longue période de vie de l’imago (Vanessa atalanta, Inachis io) . Dès la fin de l’été, Maniola jurtina, si abondant en juillet, se raréfie pour disparaître fin septembre. Par contre, cet automne 2009, les Colias sont très présents (bien plus qu’en 2008 et qu’en 2007). La Belle dame (Vanessa cardui) demeure très présente (bien qu’en effectifs très inférieurs à ceux du printemps et de l’été) avec des exemplaires « frais ».
Pré en lisière de la Forêt domaniale de Dreux ; biotope de Polyommatus icarus, Colias croceus, Pieris rapae, Vanessa cardui. Les hautes-Lisières, 12 septembre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Maniola jurtina LINNAEUS, 1758, mâle, verso. Les Hautes-Lisières, 11 septembre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pré en septembre ; biotope de Polyommatus icarus, Colias croceus, Pieris rapae. Les hautes-Lisières, 12 septembre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Colias alfacariensis RIBBE, 1905, femelle. Les Hautes-Lisières, 12 septembre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Colias croceus FOURCROY, 1785, femelle. Les Hautes-Lisières, 12 septembre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Lisière : champ et forêt. Les Hautes Lisières (Eure-et-Loir), 8 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Pieris rapae LINNAEUS, 1758, mâle. Les Hautes Lisières, 7 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Inachis io LINNAEUS, 1758, verso. Les Hautes-Lisières, 7 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Inachis io LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 7 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Colias croceus FOURCROY, 1785, sur Lactuca serriola. Les Hautes-Lisières, 8 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Colias croceus FOURCROY, 1785. Les Hautes-Lisières, 8 octobre 2009. Lorsqu’un nuage masque le soleil, le Souci se réfugie parmi les herbes. Photo : J.-M. Gayman
Issoria lathonia LINNAEUS, 1758, femelle. Les Hautes Lisières, 8 octobre 2009. Photo : Jean-Marc Gayman
Clairière en Forêt de Dreux, 8 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Vanessa atalanta LINNAEUS, 1758, dans une clairière en Forêt de Dreux, 8 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Chemin forestier, les Hautes Lisières, 8 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Vanessa cardui LINNAEUS, 1758. Les Hautes-Lisières, 8 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Macroglossum stellatarum LINNAEUS, 1758, Sphingidae. Les Hautes Lisières, 7 octobre 2009. Photo : J.-M. Gayman
Localisation des photos 2009
Tableau récapitulatif des rhopalocères observés en 2009
Les données (période, fréquence) ne valent que pour les Hautes-Lisières |
n° |
Nom latin |
Nom commun |
Mois |
Biotope |
Photographié |
Fréquence |
Papilionidae |
0 |
aucun |
|
|
|
|
|
Pieridae |
1 |
Pieris napi |
La piéride du navet |
3 – 10 |
tous |
X |
très commun |
2 |
Pieris rapae |
La piéride de la rave |
6 – 10 |
tous |
X |
très commun |
3 |
Pieris brassicae |
La piéride du chou |
7 – 9 |
plutôt forêt |
X |
commun |
4 |
Anthocharis cardamines |
L’Aurore |
4 – 5 |
tous |
X |
assez commun |
5 |
Colias croceus |
Le soufré |
7 – 9 |
plutôt prairies |
X |
occasionnel |
6 |
Colias alfacariensis |
Le fluoré |
7 – 9 |
prés, prairies |
X |
occasionnel |
7 |
Gonopteryx rhamni |
Le citron |
4 – 10 |
partout |
X |
assez commun |
8 |
Leptidea sinapis |
La piéride de la moutarde |
6 |
forêt |
|
rare |
Lycaenidae |
9 |
Satyrium ilicis |
La thécla de l’yeuse |
7 |
partout |
X |
occasionnel |
10 |
Callophrys rubi |
L’Argus vert |
5 |
jardin et ? |
X |
rare |
11 |
Lycaena phlaeas |
Le cuivré commun |
7 – 9 |
partout |
X |
commun |
12 |
Celastrina argiolus |
L’azuré des nerpruns |
5 – 7 |
partout |
X |
commun |
13 |
Aricia agestis |
Le collier de corail |
5 – 7 |
prés, prairies |
X |
commun |
14 |
Polyommatus icarus |
L’azuré commun |
5 – 7 |
prés, prairies |
X |
commun |
Satyridae |
15 |
Melanargia galathea |
Le demi deuil |
7 |
partout |
X |
très commun |
16 |
Coenonympha pamphilus |
Le procris |
5 – 9 |
prés, jardins |
X |
très commun |
17 |
Coenonympha arcania |
Le céphale |
6 – 9 |
prés, jardins |
|
occasionnel |
18 |
Pararge aegeria |
Le tircis |
4 – 10 |
forêt |
X |
commun |
19 |
Aphantopus hyperantus |
Le tristan |
6 – 7 |
forêt |
X |
commun, localisé |
20 |
Maniola jurtina |
Le myrtil |
6 – 7 |
partout |
X |
pléthorique |
21 |
Lasiommata megera |
La mégère |
5 – 9 |
jardins, prés |
X |
occasionnel |
22 |
Pyronia tithonus |
L’amaryllis |
7 |
forêt, prés |
X |
commun |
Nymphalidae |
23 |
Apatura iris |
Le grand mars changeant |
7 |
forêt |
X |
localisé, rare |
24 |
Apatura ilia |
Le petit mars changeant |
7 |
forêt |
X |
localisé, peu commun |
25 |
Ladoga camilla |
Le petit sylvain |
7 |
forêt |
X |
localisé, commun |
26 |
Araschnia levana |
La carte géographique |
5 – 7 |
forêt surtout |
X |
localisé, commun |
27 |
Vanessa atalanta |
Le vulcain |
3 – 10 |
partout |
X |
commun |
28 |
Inachis io |
Le paon du jour |
3 – 9 |
partout |
X |
très commun |
29 |
Aglais urticae |
La petite tortue |
6-7 |
forêt |
X |
rare |
30 |
Nymphalis polychloros |
La grande tortue |
3 – 7 |
partout |
|
rare |
31 |
Vanessa cardui |
La belle dame ou vanesse des chardons |
4 – 7 |
partout |
X |
très abondant en 2009 |
32 |
Polygonia c-album |
Le Robert-le-diable |
4 – 10 |
forêt surtout |
X |
commun |
33 |
Argynnis paphia |
Le tabac d’Espagne |
7 |
forêt |
X |
rare |
34 |
Issoria lathonia |
Le petit nacré |
7 – 9 |
forêt surtout |
X |
occasionnel |
35 |
Mellicta athalia |
La mélitée des mélampyres |
7 – 9 |
forêt |
X |
occasionnel |
Hesperiidae |
36 |
Carcharodus alceae |
L’hespérie de l’alcée |
5 – 8 |
prés, prairies |
X |
plutôt commun |
37 |
Pyrgus malvae |
L’hespérie de la mauve |
5 – 8 |
prés, prairies |
X |
occasionnel |
38 |
Ochlodes faunus |
La sylvaine |
5 -8 |
forêt et prés |
X |
commun |
Beau travail Jean-Marc !
Voilà assurément un exemple à suivre.
Le Polyommatinae en photo avant A. agestis est un mâle de P. icarus.
Très bel article ! Et bravo pour les magnifiques photos d’Apatura.
Bravo Jean Marc,
Voilà une façon très pédagogique et fort remarquablement illustrée de faire un inventaire de la faune des papillons d’une localité.
Louis
C’est superbe Jean-Marc !
Assurément très utile pour tout le monde. Les photos sont belles et comme le note Louis, c’est pédagogiquement (et techniquement) parfaitement réalisé.
Xavier
Beetlehorn a rédigé ce qui suit sur la page : http://www.insectnet.com/dcforum/DCForumID25/348.html#7
Wow ! Those pictures really take me back because they remind me of Germany so much. The habitats, and butterflies are exactly the same as the ones I encountered when I was a kid. I also encountered the Apatura and Limenitis species, including L. populi. I wonder if their populations are higher in Russia because of less woodland fragmentation ? If you look at Google Earth, it is obvious that there are much more extensive forests in Russia. I encountered these Nymphalids on a semi regular basis in Bavaria, not by any means common. This was during 1972-1977. I wonder about their status now. I would suppose that the populations are higher in certain areas of Europe. Thanks for posting all these great photos, they are appreciated. Tom
Espèces courantes mais très bonnes photos. J’aime beaucoup celles des Apatura. Attirés avec des appâts ?
Non ! Les Apatura présentés sur cette page n’ont pas été attirés par des appâts. L’A. ilia s’était posé pour « mud-puddler » sur une flaque de boue. Quant à l’A. iris, il prenait la chaleur sur une plaque de mousse.
Cela dit, ces papillons raffolent des excréments de chien ou des fromages très fermentés.