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Un ravageur bien connu … Brassolis sophorae LINNAEUS, 1758
par François Bondil
Certains représentants du genre Brassolis, inféodés aux monocotylédones, sont déclarés «d’intérêt économique» en raison par exemple des ravages qu’ils causent régulièrement aux cocoteraies américaines. Dans l’état actuel des connaissances, une seule espèce, sophorae, est présente en Guyane (photo 1). Je l’y ai rencontrée sur des palmiers, des cocotiers et plus rarement des bananiers (photo 12). À plusieurs reprises, je l’ai élevée sur Veitchia merrillii (photo 2), un palmier d’ornementation qu’elle se plaisait à coloniser.
Les chenilles, grégaires, passent le jour regroupées dans de vastes nids (photos 4 et 5) en forme de sacs, constiués de folioles assemblées par des soies et comptant plusieurs centaines d’individus, elles les quittent au crépuscule pour se nourrir.
À leur dernier stade, elles atteignent 7 cm et sont extrêment voraces, défoliant complètement leur palmier-hôte en quelques jours, avant de se consacrer (photo 6) au voisin ou, parfois, à un bananier (photo 12). Après environ deux mois à l’état larvaire, elles quittent leur hôte pour se nymphoser (photo 7) sur les supports verticaux qu’elles trouvent aux alentours, il n’est ainsi pas rare de trouver des chrysalides sur les parois des habitations du bourg de Roura.
À une exception près (photo 8), toutes les chrysalides que j’ai pu observer présentaient le même chromatisme (photos 9 et 10). Le stade nymphal dure environ deux à trois semaines.
Après émergence (photo 10), les adultes volent très peu (essentiellement au crépuscule et en début de nuit) et ne se nourissent pas … leur proboscis est vestigial (photo 11).
Leur durée de vie à l’état adulte est de ce fait relativement courte (à peine deux semaines en captivité) et il ne faut pas espérer capturer cette espèce au piège à fruits fermentés, pourtant si efficace avec les autres Brassolini. Fait remarquable étant donné le très fort taux de parasitage que subissent mes autres «élevages» guyanais, je n’ai jamais observé de chenilles ou de chrysalides parasitées chez B. sophorae.
Finalement, et assez paradoxalement (car ayant donné son nom à l’ancienne famille des Brassolidae, désormais tribu des Nymphalidae), le genre Brassolis diffère considérablement des autres Brassolini, ne serait-ce que par la morphologie des chenilles (absence de cornes céphalliques et d’appendices caudaux) et des adultes (entre autres au niveau des massues antennaires, de la trompe et de l’allure générale), mais encore, semblerait-il, par leur biologie.
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