Par Laurent Voisin
(Cliquer sur cartes et photos pour un meilleur effet !)
Pour fêter les dix ans de l’article « Excursion entomologique en Corse (juin 2003), note sur les conséquences des incendies sur une population de Papilio hospiton »(Luc Manil et Yvan Diringer) (Bulletin des Lépidoptéristes Parisiens, n°25, Septembre 2003), je me suis rendu à Ghisoni, près du col de Sorba, pour une petite visite du 10 au 12 juin, muni de mon appareil photo.
La météo est encore exécrable durant la journée du 10 juin. Je la consacre à repérer les biotopes à Férule et à Peucédan. Selon la gérante fort sympathique du camping « Le Soleil » à Vivario, idéalement situé à 10 km du col de Sorba, le mois de mai 2013 n’a connu que deux jours de soleil. D’où une certaine inquiétude sur les émergences : hospiton sera-t-il au rendez-vous ?
Verdict apporté à la faveur des deux journées suivantes, bien ensoleillées : sur les stations à férule (Apiaceae : Ferula communis L., 1753), reconnues près du village de Ghisoni à basse altitude, je ne vois aucun hospiton (ni chenille). En revanche, dès 10 heures du matin, un peu en-dessous du col de Sorba en versant oriental (côté Ghisoni), vers 1200 m, passent régulièrement à toute vitesse des Papilio, un peu plus petits et sombres que des machaons. Des individus isolés volent sur les pentes proches et au col. Cependant, ce vallon (plus chaud, favorisant des émergences plus précoces ?) accueille une véritable concentration. Côté Vivario (ubac), malgré la présence de peucédan, le papillon n’est pas visible.
La fréquence des apparitions semble proportionnelle à l’abondance du peucédan (Apiaceae : Peucedanum officinale ssp. paniculatu
Les papillons ne s’arrêtent jamais, ni pour butiner ni pour pondre. On observe un passage toutes les cinq à dix minutes, et rarement deux individus vus simultanément. Enfin, vers 14h00, à la faveur d’un nuage, un individu se pose non loin de moi, levant mes dernières incertitudes : il s’agit bien de P. hospiton, très frais.
Le lendemain, le même scénario se reproduit : un seul exemplaire s’attarde quelques secondes dans la végétation, avant de repartir à vive allure.
L’unique fleur qui semble retenir leur attention est la magnifique Pancrace d’Illyrie, Pancratium illyricum Linné, autre endémique corse de la famille des Amaryllidacées, sans toutefois que les bêtes ne se posent ; aucun arrêt sur les peucédans. En conséquence, je suppose que les individus observés sont essentiellement des mâles fraîchement éclos.
Ce biotope bien connu s’avère, cette année encore, un excellent site pour l’observation de cette superbe espèce. Le retard des émergences, dû à la froideur et l’humidité du printemps 2013, ne m’a pas permis de faire des photos dans de bonnes conditions (sur des fleurs, sur la plante–hôte, etc.) : excellent prétexte pour revenir !
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Bravo Laurent, après ton article très intéressant sur alexanor à Lagarde d’Apt, celui-ci est également passionnant.
Très belles photos !
Olivier
http://www.collector-secret.com/index.php/ins/
Ces espèces qui présentent des colonies attachées à des biotopes bien précis sont passionnantes, et en général assez faciles à photographier. Pour le printemps prochain, j’envisage d’aller voir Papilio saharae dans le sud tunisien ou l’Anti-atlas marocain. Sur d’autres Apiacées!
On a tous hâte de lire le futur article sur saharae !