(Cliquer sur graphiques et photos pour un meilleur effet !)
Suivi Temporel des Rhopalocères de France (STERF)
Bilan 2005-2011 – Rapport du 31 mars 2012
Luc Manil, Alexandre Lerch, Benoît Fontaine et Romain Julliard
Département Écologie et Gestion de la Biodiversité, Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et Association des Lépidoptéristes de France (ALF)
Le Rapport complet : Suivi Temporel des Rhopaloceres de France Bilan 2005-11 (31 mars 2012)
Le Suivi Temporel des Rhopalocères de France (STERF) est un programme conjoint entre le Département Écologie et Gestion de la Biodiversité du MNHN et le milieu associatif, dont l’ALF est le principal promoteur. Mis en place en 2005 en Île-de-France, puis en 2006 au niveau national, il vise à suivre à long terme l’évolution des populations de papillons de jour, en relation avec les modifications environnementales et le changement climatique. Les comptages (sans nécessité de capture) se font par la méthode des transects, chaque site tiré-au-sort (pour la représentativité nationale) ou choisi (patrimoniaux, suivis aussi pour d’autres études …) étant divisé en transects écologiquement homogènes et parcourus systématiquement en 10 minutes, 4 à 6 fois par an.
En mars 2012, nous avons reçu des données pour 194 sites de suivi STERF (sur l’ensemble des 7 ans), dont 89 (46%) sont des sites tirés-au-sort, et 105 (54%) sont des sites choisis par les observateurs. La région Île- de-France est la mieux couverte (48 sites), suivie des régions Champagne-Ardenne (20 sites, suivis surtout en 2009-10 dans le cadre du programme Biodiversité-Luzerne), Rhône-Alpes (20 sites) et Provence – Alpes Côte-d’Azur (14 sites). Le fort échantillonnage en Île-de-France s’explique principalement par la concentration d’entomologistes dans cette région, et par l’existence locale de plusieurs programmes institutionnels, dont Entomovigilance et l’Atlas de la Biodiversité en Seine-et-Marne (2006-2010), utilisant le protocole STERF pour quantifier la diversité en rhopalocères.
Au total, depuis le début de l’étude, en définissant un comptage comme une visite sur un transect (10 minutes de comptage), on dénombre : 424 comptages en 2005 (sur 14 sites), 2230 en 2006 (sur 90 sites), 2262 en 2007 (sur 86 sites), 2378 en 2008 (sur 87 sites), 2987 en 2009 (sur 108 sites), 3113 en 2010 (sur 116 sites) et 2909 en 2011 (sur 93 sites).
Sur 206.889 individus comptés (2005-2011) appartenant à 195 espèces, 97.5% (n=201.749) l’ont été au niveau de l’espèce (niveau 3), 1.1% (n=2199) au niveau 2 (regroupements modérés d’espèces voisines), et 1.4% (n=2941) au niveau 1 (larges regroupements d’espèces ressemblantes).
Les espèces les plus « abondantes » (nombre brut d’individus comptés) sont Maniola jurtina, Pieris rapae, Pyronia tithonus et Melanargia galathea. Vanessa cardui , qui régresse de la troisième à la cinquième place, retrouve une position plus attendue (son abondance extrême en 2009 due à des migrations massives l’avait positionné trop haut depuis deux ans par rapport aux situations habituelles). Polyommatus coridon et icarus, Coenonympha pamphilus et Pieris rapae/napi … viennent ensuite.
Les espèces le plus fréquemment observées, c’est-à-dire qui ont été rencontrées dans le plus grand nombre de transects, quel que soit le nombre d’exemplaires présents à chaque visite sont Pieris rapae et Maniola jurtina, suivis de Coenonympha pamphilus, Pieris sp., Pieris brassicae et Polyommatus icarus. Melanargia galathea, Polyommatus coridon et P. bellargus, sont plus bas dans le classement (par rapport à l’abondance), ce qui s’explique par le fait que ces espèces sont très localisées mais présentent en revanche des populations abondantes. Pieris rapae, Pyronia tithonus et Coenonympha pamphilus occupent globalement la même place dans les deux classements (espèces plutôt ubiquistes largement dispersées).
La richesse spécifique (nombre moyen d’espèces présentes lors d’une visite d’un transect) s’obtient en divisant la somme du nombre d’espèces observées lors d’une visite par le nombre de visites. Elle est en moyenne est de 3,6 +/- 3,1) espèces, mais elle atteint 25 dans quelques sites de Provence.
Concernant les analyses par habitats, les pelouses calcaires et les bois de résineux (souvent associés aux pelouses calcaires, notamment en Île-de-France) apparaissent comme les habitats les plus riches en nombre d’espèces. Un peu moins riches sont les forêts de feuillus, les friches, les autres zones herbeuses et les lisières de forêts. Les zones suburbaines, qui apparaissaient comme étonnamment riches les premières années du STERF, descendent dans le classement et présentent toujours une très grande variabilité. Les habitats urbains, agricoles et les lisières entre habitats non-forestiers sont toujours les plus pauvres.
L’étude détaille aussi la répartition de 21 espèces par types d’habitats : 6 généralistes, 4 des lisières et des jardins, 3 des prairies, 5 des pelouses calcaires, 1 des forêts et 2 migratrices.
La comparaison des courbes de phénologie de 2011 avec la moyenne des années antérieures confirme souvent les moyennes des années antérieures, si l’on excepte certaines espèces (surtout printanières) qui ont été particulièrement précoces en 2011 et ont eu une saison courte, en particulier Anthocharis cardamines, Coenonympha arcania, Aphantopus hyperantus, Colias alfacariensis. Certaines ont présenté une apparente diapause estivale, comme Pyronia tithonus, qui n’a pourtant qu’une seule génération annuelle, son pic d’émergence ayant été précoce (mi-juin) avant de régresser en juillet puis de réapparaître en août.
L’indicateur papillons (abondance moyenne de chaque espèce par quinzaine, obtenue en divisant le nombre total d’individus observés dans la quinzaine par le nombre de transects parcourus durant cette quinzaine), calculé sur 61 espèces observées sur au moins 50 transects, semble montrer que 2011 a été plutôt favorable aux papillons des espèces spécialistes (des milieux boisés, broussailleux et ouverts : index voisins de 1,1 à 1,2 par rapport à la référence de 2006), un peu moins pour les espèces généralistes (index voisin de 0,9).
L’index de grégarité (abondance totale divisée par le nombre de visites de transects où l’espèce a été observée) donne en tête, pour les espèces communes à répartition nationale, Polyommatus coridon, Melanargia galathea, Pyronia tithonus et Maniola jurtina. Suivent Polyommatus bellargus et Aphantopus hyperantus, tous avec des index de grégarité supérieurs à 5. D’autres espèces peu répandues apparaissent en haut du classement, mais le trop petit nombre d’observations rend ces observations peu significatives.
Concernant l’intérêt des sites choisis par rapport aux sites tirés-au-sort, il s’avère que, sur 21 espèces communes étudiées, 13 sont significativement plus abondantes sur les sites choisis, 7 sont aussi abondantes sur les sites choisis ou tirés-au-sort (pas de différence significative) et 1 seule est plus abondante sur les sites tirés-au-sort : il s’agit de Pararge aegeria, très commune dans tous les types de milieux boisés, broussailleux et suburbains, de même que le long des lisières.
Le Rapport 2011 complet : pdf
Pour obtenir le rapport 2011 complet, il suffit de cliquer sur ce lien :
Suivi Temporel des Rhopaloceres de France Bilan 2005-11 (31 mars 2012)