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L’entomologiste français Pierre Jauffret, 72 ans, est mort des suites d’une agression dans la réserve de Klagesi (État du Pará). Après quatorze jours de coma résultant d’un traumatisme crânien, le biologiste, décédé le dimanche 13 décembre 2009, a été incinéré à Marituba, région de Belem.
Une vie hors du commun que celle de Pierre Jauffret. Né à Toulon, aventurier dans sa jeunesse, il vit de nombreuses années en Guyane avec les indiens Wayannas et, forestier, devient guide pour des missions du Muséum National d’Histoire Naturelle. Il gagne le Brésil en 1963. Avec sa femme brésilienne, il s’installe à Santo Antõnio de Tauá (65 km au Nord de Belem) en 1976.
Biologiste indépendant, il parvient à obtenir des autorités brésiliennes l’homologation de sa petite réserve (surtout de papillons : Reserva Particular de Patrimonio Natural) de 25 hectares qu’il nomme Sonho Azul ou Klagesi du nom du rare Parides klagesi (donné d’abord du seul Vénézuela puis attesté au Pará). Elle est constituée de l’un des derniers morceaux de forêt de la région. Devenu un militant de l’environnement, il affronte pressions et menaces tant de la part des autorités locales que d’une partie de la population avides de récupérer la terre et/ou d’exploiter les arbres.
Comme entomologiste, Pierre Jauffret se passionne pour les lépidoptères (et longicornes) du Pará dont il constitue une grande collection, et collabore avec des scientifiques brésiliens comme français. Il s’oriente vers les Riodinidae dont il décrit de nouvelles espèces (Calydna DOUBLEDAY, 1847) ou ssp. (Dachetola virido LATHY, 1968) et étudie (toujours pour la région du bas Amazone) les genres Semomesia HÜBNER,1851, Symmachia HÜBNER,1819 et Mesene DOUBLEDAY, 1847.
Selon l’ « enquête » de la police locale, Pierre Jauffret aurait été agressé à l’intérieur de sa maison par un groupe de « touristes » en colère. Ces derniers auraient, selon des témoins, réagi à des coups de feu tirés par le biologiste révolté par le comportement du groupe qui avait fait une pause pour uriner dans la réserve. Les coups de feu n’auraient pas fait de victimes toujours selon la police.
Version démentie par le fils de Pierre, Jacques Jauffret, également biologiste : « Mon père avait déjà dénoncé des irrégularités dans la réserve naturelle. Il a été menacé de mort trois jours plus tôt. Nous ne sommes pas sûrs, mais ce passage à tabac pourrait avoir un lien direct avec son activisme dans la défense de l’environnement. »
Le biologiste avait à plusieurs reprises dénoncé la contamination des eaux par la décharge municipale, située à proximité de la réserve. Très actif dans la protection de l’environnement, Pierre bataillait pour préserver l’espace écologique des convoitises des chasseurs, des promoteurs immobiliers et des autorités locales.
Un policier français a été dépêché, depuis la Guyane voisine, pour enquêter sur les circonstances de la mort de Pierre Jauffret …
On trouvera ci-dessous (pdf) l’article : Jean-Yves Gallard et Christophe Faynel, HOMMAGE À PIERRE JAUFFRET (1937-2009). Lambillionea CX, 1, Avril 2010. L’article présente une liste complète des publications de Pierre Jauffret :
gallard_faynel_hommage_pierre_jauffret
Références
http://sf.photonature.free.fr/final/pages-themes/Jauffret.htm
http://www.lambillionea.haisoft.be/
http://www.midiamax.com/view.php?mat_id=669320
http://www.insectnet.com/dcforum/DCForumID3/378.html
• Christophe Faynel et Jean-Yves Gallard, « Hommage à Pierre Jauffret », Lambillionea n°1 – Avril 2010- T. 2.
• Lambillionea, septembre 2009
• Lambillionea mars 2009
• Mielke, O.H.H. & Casagrande, M.M. 2007. Parides klagesi (Ehrmann) redescoberto no Brasil (Lepidoptera, Papilionidae, Troidini). Revista Brasileira de Entomologia 51(2): 187-189, June. [on-line at Scielo Brazil]