Par Daniel Milan
(Cliquer sur les photos pour un meilleur effet !)
Daniel Milan a contribué au compte-rendu du séjour entomologique à Ebogo (Cameroun). On trouvera le Catalogue des Rhopalocères de Missahohé ci-dessous.
Sur la lépidofaune de cette région, voir aussi les «posts» :
• Lépidoptères du Ghana
• Papillons du Ghana
• Quelques Hétérocères du Ghana
où figurent nombre des espèces recensées dans le catalogue.
La forêt classée de Missahohé
Situation
La forêt de Missahohé est située à 6 km au nord de Kpalimé, dans la région des plateaux, préfecture de Kloto. Sa latitude est de 6°56’00 »N, sa longitude, de 00°36’00 »E. Elle couvre une superficie de 1257 ha répartie sur les cantons d’Agome, Hanyigba et Kouma.
Géographie
La région de Missahohé est montagneuse (l’altitude varie de 400 à 800 m.) et appartient à la chaîne des Dahomeyides. La recherche a porté sur une région subhumide de moyenne altitude. La tribu ethnique la plus représentée est celle des Ewe. La population sur les trois cantons était de 18 500 habitants en 1996/1997 avec un taux de croissance de 2, 8 % par an, soit une population actuelle estimée à 28 670 habitants.
Origine
Missahöhé, déformé en Missahohé signifie: la colline de Missa. Ce nom a été donné par le gouverneur allemand Puttkamer en avril 1890 en hommage à une ancienne princesse hongroise chère à son cœur : Misa von Esterhazy. La forêt a été classée par les Allemands peu avant la Premère guerre mondiale.
Le climat
C’est un climat subéquatorial avec une saison des pluies s’étalant de février à octobre, avec une interruption en août. La pluviométrie annuelle est comprise entre 1300 à 1700 mm. L’humidité s’échelonne de 67 à 89 % et la température moyenne mensuelle, de 22,6° en juillet à 26,3° en février.
Constat
Jusqu’aux années 1990, cet espace était sous la protection de l’État. Surveillées par des gardes forestiers, la faune et la flore y étaient abondantes. Plus de la moitié de la population pratique l’agriculture itinérante surtout basée sur les brûlis. Des méthodes de culture inappropriées, une exploitation forestière anarchique, la chasse illicite font que cette forêt est actuellement menacée.
La déforestation pour la création de jardins ou la production de charbon de bois amoindrit la surface forestière et appauvrissent les sols. Le comité local, créé en 1999, a essayé de sensibiliser les populations, mais les moyens diminuant, l’action s’en est trouvée fragilisée.
Rhopalocères : la prospection à Missahohé
Pourquoi
Le papillon est un formidable outil évaluatif. Il est solidaire d’un écosystème. La chenille est inféodée à une plante ou, tout au plus, à un genre et l’adulte à un milieu. Tout bouleversement dans cet équilibre se traduit par une raréfaction, voire une disparition de papillons. Les espèces, intimement liées à leur biotope spécifique, sont de remarquables bioindicateurs.
Ce catalogue permettra également aux autorités locales d’avancer des arguments afin de maintenir la protection de cet ensemble. Certaines espèces capturées, tel le lycaenidae Larinopoda aspidos, espèce endémique des Monts Volta, méritent une attention toute spéciale.
Méthodologie
La période de prélèvement s’est échelonnée du 8 janvier au 15 février 2011.
Le but de la mission était de réaliser un catalogue, non un inventaire. Un catalogue recense les espèces présentes alors qu’un inventaire étudie la représentativité, répartition, fréquence ou rareté au sein d’une espèce. Nous devions donc récolter le maximum d’espèces différentes et non pas le maximum d’individus.
Les moyens de prélèvements ont été classiques : filet, chasse à vue, pièges à Charaxes, appâts. Les pièges réalisés à partir de collants féminins n’ont eu qu’un très faible rendement, en raison notamment de la période ne correspondant pas à la période de vol des Euphaedra
913 spécimens ont été ramenés, pour étude, en France. L’identification a été réalisée à partir de l’ouvrage « Butterflies of West Africa » de Torben B. Larsen paru en 2005.
Premier constat
Les espèces végétales floricoles sont globalement peu nombreuses dans cette région. Cependant, la représentation en lépidoptères est assez riche.
269 espèces ont été recensées dont 239 déterminées sexuellement soit 88 %. On dénombre 60 couples, 146 mâles et 93 femelles.
La répartition des femelles, par rapport aux mâles, est inhabituelle. Elles représentent 40 %, soit largement plus que la moyenne habituelle
21 espèces de Charaxes ont été répertoriées. On peut remarquer que celles-ci sont inféodées à des espèces botaniques différentes pour chacune d’entre elles, démontrant la présence d’une grande biodiversité dans cette forêt.
Le catalogue des papillons de Missahohé
Le catalogue, version pdf : catalogue_missahohe
Quelques Lépidoptères
Hétérocères
Lycaenidae
Heliconiinae – Acraea
Satyrinae
Nymphalinae
Limenitidinae
Charaxinae
L’auteur
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